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TRIBUNE

«Just Stop Oil», génération «0»

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Première génération à être venue au monde avec la conscience de la catastrophe climatique, les jeunes gens ciblant des œuvres d’art nous interpellent et nous agressent, pour nous forcer, depuis les lieux même de la tradition et de la conservation que sont les musées, à considérer avec eux l’urgence nouvelle.
par Emmanuel Tibloux, Directeur de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad)
publié le 5 novembre 2022 à 10h16

Contrairement à ce que l’on pourrait penser à la lecture de certaines analyses ou commentaires, les jeunes gens qui s’introduisent dans les musées en ciblant des œuvres d’art ne sont pas des barbares : ce sont les produits de notre temps, les rejetons de notre civilisation qui se retournent contre celle-ci. Ils sont éduqués, ils savent la valeur réelle et symbolique des chefs-d’œuvre qu’ils visent – les millions de dollars et de vues sur les médias et les réseaux. Ils sont doués aussi d’un savoir qui leur est propre, un savoir de position, qu’ils tiennent du hasard de l’époque à laquelle ils sont nés. Première génération à être venue au monde avec la conscience d’entrer en «anthropocène», selon le terme inventé par le géochimiste Paul Crutzen au début des années 2000 pour nommer scientifiquement l’altération des conditions de vie sur Terre provoquée par l’action humaine, ils forment la «génération 0».

Se frayer un chemin dans l’étroitesse de l’époque

Il ne faut pas sous-estimer la puissance de leur savoir. C’est le savoir de celles et ceux qui sont concernés en propre par ce qu’elles et ils savent, le savoir vécu, le savoir éprouvé de l’urgence et de la détresse du temps : le savoir de l’urgence qu’il y a à inventer d’a

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