Quelques mois après le début de la pandémie, la commissaire d’exposition Marie-Anne Lanavère jeta «son costume de directrice aux orties. […] Je me dis que je serai plus utile directement en lien avec des formes de vie où l’art n’est pas un domaine à part mais où il infuserait les autres activités», concluait-elle dans un entretien avec son homologue Emilie Renard qui, elle s’apprêtait à prendre la tête du centre d’art parisien, Bétonsalon. Depuis, Marie-Anne Lanavère s’est installée à Javaud, sur la commune de Tarnac, où elle a récolté et troqué plusieurs tonnes de pommes de terre, planté 300 arbres fruitiers et renoué «avec sa créativité». «Accéder au statut d’agriculteur, c’est comme adhérer à la maison des artistes, c’est tout un parcours», sourit aujourd’hui Lanavère qui travaille désormais «à partir de l’art» en jouant de toute la polysémie de la formule.
«Sur le plateau de Millevaches, il y a beaucoup de jeunes artistes arrivés des villes, toutes et tous en pleine transformation personnelle. Certains artistes continuent à faire des résidences et des workshops, ou à répondre à des commandes, mais la plupart ne veut plus travailler comme artistes professionnels.» Comme elle, beaucoup ont pris au pied de la lettre l’invitation du philosophe Bruno Latour à «imaginer les gestes barrières contre le retour à la production d’avant-crise». Et comme elle, ils sont nombreux ces dernières années à avoir pris la clé des champs, mus par des motiv