"Nous visons 100% de nouveaux produits éco-conçus en 2026", explique Sébastien Haquet (Decathlon)
Decathlon vient de signer un partenariat avec l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, pour la création d'une chaire "écodesign et création". Nous avons demandé à Sébastien Haquet, directeur advanced design chez Décathlon, d'exposer les raisons de cette alliance de trois ans.
L’Usine Nouvelle - Decathlon vient de signer un partenariat avec l’Ensad (Ecole nationale supérieure des arts décoratifs). Pourquoi avoir choisi cette école ?
Sébastien Haquet - Nous avons signé un partenariat avec l'Ensad pour créer une chaire d’une durée de trois ans. C’est une excellente école de design, qui travaille sur les produits, sur leur impact émotionnel. C’est la première école de design dotée d’un plan d’action pour la transition écologique. Decathlon travaille aussi sur ce sujet qui est au cœur de son projet stratégique. Nous avons l’objectif d’avoir 100% de nouveaux produits éco-conçus à l’horizon 2026. Nous n’y parviendrons pas seul : il faut multiplier les collaborations avec les écoles, les entreprises ou les start-up.
Travailler avec une école, cela veut dire travailler avec des jeunes qui sont dans le monde d’aujourd’hui et plus encore qui anticipent le monde qu’il y aura dans vingt ans voire plus. Pour préparer l’avenir, il faut écouter les plus jeunes. C’est indispensable pour avoir l’élan suffisant afin de se projeter dans le futur.
Est-ce votre premier partenariat avec une école ?
Non, nous avons déjà signé des partenariats, mais en général c’est plutôt à court terme et sur un point précis. La particularité de ce partenariat réside dans son ampleur et dans la création d’une chaire. Nous voulions travailler dans la durée, pouvoir suivre des étudiants sur plusieurs années, puisque la chaire dure trois ans. Le développement d’un nouveau produit peut prendre 18, 36 mois…Ils vont pouvoir suivre un projet.
L’Ensad a été difficile à convaincre ? Comment réagissent les étudiants ?
Tout a été très fluide entre l’école et nous. Nous étions demandeurs pour travailler avec eux et réciproquement. Côté étudiants, nous avons la chance d’être une entreprise connue qui les intéresse. J’ai fait une présentation à l’issue de laquelle certains sont venus visiter nos bureaux. J'étais ravi de voir l'engouement que cela a généré chez eux.
Quel est le contenu plus précis du partenariat ?
"On parle de consommer moins mais mieux et on voudrait voir comment aller vers des produits qui durent plus longtemps, des produits qui ont été pensés pour que l’usure les rende toujours aussi attirants. "
L’Ensad comporte plusieurs secteurs en design. Nous allons faire travailler ensemble des étudiants issus de tous ces secteurs. Nous allons les faire plancher sur différents thèmes comme de" l’atome à l’objet" soit une recherche sur le développement durable et les nouveaux composants. L’intérêt de cette démarche est qu’on se donne le droit d’essayer, de tenter des choses… Un autre thème sur lequel on va faire travailler les étudiants est "l’usure comme principe créatif". On parle de consommer moins mais mieux et on voudrait voir comment aller vers des produits qui durent plus longtemps, des produits qui ont été pensés pour que l’usure les rende toujours aussi attirants. On va aussi travailler sur la santé, ou comment le sport peut être intégré dans un cadre médical ou hospitalier… Les projets ne manquent pas. Par ailleurs, nous allons intégrer un docteur pour faire de la recherche fondamentale sur deux domaines : le bio-design et les soft-robotics, deux domaines de recherche stratégiques pour Décathlon.
Les créations de chaire ont souvent aussi un objectif de ressources humaines, d’attirer des jeunes talents. Est-ce aussi le cas pour vous et l'Ensad ?
Nous avons la chance d’être une entreprise connue et aimée par les jeunes. Mon métier, et celui de mes collègues qui travaillent sur le design, c’est d’avoir des idées. Avec cette chaire intergénérationnelle, on s'ouvre à de nouvelles idées. Ces étudiants qui vont travailler avec nous vont avoir la possibilité de se lâcher d’un point de vue créatif, et faire fi des contraintes industrielles. Je parie que les étudiants vont nous aider à pousser les concepts plus loin. J’ai été stagiaire et j’ai eu la chance de travailler dans des entreprises qui m’ont donné ma chance, la possibilité d’oser des choses. C’est très important aujourd’hui de rendre la pareille à des jeunes.