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Luxe et universités, un mariage de raison

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Publié le 03 mars 2023 à 15h00, modifié le 03 mars 2023 à 15h32

Temps de Lecture 13 min.

Ce 12 avril 2018, des professeurs, des étudiants et quelques journalistes ont rendez-vous dans la salle historique de la bibliothèque de l’Ecole normale supérieure (ENS), rue d’Ulm, à Paris. Dans ce lieu solennel, centre de la vie intellectuelle de l’institution, les invités discutent, une coupe de champagne à la main. Les silhouettes semblent s’effacer devant les imposantes armoires en chêne, hautes de plus de 4 mètres, qui abritent une collection précieuse de 20 000 ouvrages. Devant le buste en bronze de Lucien Herr, qui dirigea la bibliothèque de 1888 à 1926, un pupitre a été installé, auquel se succéderont Marc Mézard, directeur de l’ENS, et Michael Burke, alors président-directeur général de Louis Vuitton. Sur les visages, le sourire des jours heureux.

Ce soir-là, l’événement se veut historique : le géant du luxe français inaugure une chaire de recherche spécialisée en intelligence artificielle. Pour la première fois, Louis Vuitton et le temple du savoir de la rue d’Ulm font alliance. Une caméra se faufile dans le public pour immortaliser le moment. Un spot d’une minute trente, dans lequel les deux parties s’autocongratulent, sera ensuite diffusé sur le site de l’école et sur YouTube.

On peut se demander ce que l’un des fleurons de l’enseignement supérieur public français, réputé pour former l’élite intellectuelle de demain par la recherche en sciences et en lettres, gagne à s’associer à Louis Vuitton. Du côté du leader mondial de la maroquinerie et du prêt-à-porter de luxe, les ambitions ont été clairement dévoilées. Il s’agit pour la maison de « capitaliser sur les compétences scientifiques mondialement reconnues de l’ENS dans le domaine de l’intelligence artificielle ». A terme, la chaire doit permettre à Louis Vuitton « de disposer de technologies innovantes afin d’améliorer ­globalement le service rendu à ses clients ».

Les marques engagées dans une course aux partenariats

Au cœur de ce rapprochement surprenant : le traitement de données par les méthodes d’apprentissage statistique – les fameux algorithmes – et la reconnaissance visuelle d’objets. Dans le luxe, l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles possibilités dont chacun veut se saisir. Les enjeux sont importants : améliorer la prédiction des ventes pour optimiser les stocks ; mieux anticiper les désirs des clients et, ainsi, personnaliser les expériences de marque ; sophistiquer la recherche de produits par image sur le Web et, in fine, accélérer une nécessaire mutation numérique.

Mais Normale-Sup y trouve aussi son intérêt. « Cette collaboration nous offre une opportunité immense, celle de nous intéresser à des problématiques industrielles concrètes, de tester nos algorithmes et de valider nos modèles dans des conditions réelles, et d’orienter nos travaux vers de nouvelles perspectives de recherche », ­expliquait lors du lancement Ivan Laptev, chercheur en informatique et porteur de la chaire.

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